La Filature et Tissage en 1969

LA FILATURE ET TISSAGE DU TERRITOIRE À THANN PRODUIT CHAQUE ANNÉE 12.000.000 DE  » WASSINGUES « 

Vue partielle de l’usine de Montreux-Vieux.

Depuis toujours, une des principales activités du département du Haut-Rhin fut consacrée au textile et, parmi les affaires à perpétuer cette vocation, il faut citer la FILATURE ET TISSAGE DU TERRITOIRE S.A. dont le complexe industriel groupe les usines de Thann,  Montreux-Vieux et Masevaux, cette dernière usine berceau de l’entreprise, étant plus que centenaire.

La FILATURE ET TISSAGE DU TERRITOIRE, qui est essentiellement une affaire familiale présidée par M. Xavier BURCKLE, assisté de son gendre, M. Jean-André MILLET, a été une des toutes premières entreprises à se spécialiser dans la fabrication exclusive des Wassingues et de leurs dérivés.

QU’EST-CE QU’UNE WASSINGUE ?

Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’une wassingue ? Certains l’appellent serpillière, d’autres toile à laver, d’autres encore et particulièrement dans le Nord, loque-à-loqueter.

La waswingue est d’une fabrication déjà ancienne, son introduction sur le marché remonte à un demi-siecle. L’emploi de la wassingue était longtemps demeure, si l’on peut dire, l’apanage des régions de l’Est et du Nord de la France. Son nom est typiquement flamand, tiré du mot passer qui veut dire eau, que l’on retrouve d’ailleurs en allemand et qui est lui-même proche pavent du mot anglais mater.

Elle est née et s’est développée dans l’Est parce que dans cette région deux conditions se trouvaient réunies : une industrie textile active et prospère et une utilisation permanente de l’eau qui coule abondamment partout dans le but de maintenir constamment propre la maison, ce qui a été et est toujours le souci permanent de toutes maîtresses de maison.

Dans l’Est, en effet, le textile est roi. C’est là que la wassingue pouvait trouver sa matière première irremplaçable ou plus exactement cette abondante matière première devait nécessairement aboutir a l’invention de la wassingue. La wassingue a donc été commandée impérieusement par la double mission que l’on attendait d’elle : laver, c’est-à-dire rendre propre, éponger. c’est-à-dire rendre sec. Mais depuis de nombreuses années, la wassingue a étendu ce qu’il serait permis d’appeler sa zone opérationnelle au reste du territoire et aux départements d’outre-mer. Le marché, d’ailleurs, n’est aucunement saturé et tend toujours à se développer.

Fort heureusement, le temps ou la ménagère employait des vieux sacs pour les nettoyages semble définitivement révolu tant il s’avère évident que même pour des besognes non spécialisées. il importe pour obtenir le rendement optimal, de disposer d’un article adapté à l’usage. Mais la wassingue n’est plus seulement un instrument de nettoyage et a trouvé ses lettres de noblesse dans ses présentations en couleurs et imprimées.

Cette recherche de la mode est non pas la conséquence d’une volonté déterminée, mais bien d’une loi que les fabricants doivent subir et qui leur est imposée par le public. Mais, en retour, la FILATURE ET TISSAGE DU TERRITOIRE, grâce a sa direction dynamique, va toujours au devant du désir de la clientèle, et par la création de nombreux modèles, lance sur le marché des idées nouvelles, souvent reprises par d’autres fabricants, ce qui est au fond une preuve de leur succès.

UNE PUISSANTE COLLABORATION À TOUS LES ÉCHELONS

M. Xavier Burckle, président-directeur général, a compris depuis de longues années que seule une puissante collaboration direction, cadres, ouvriers peut vaincre un marché métropolitain très concurrencé, contribuer pat le déploiement d’une force constante et active au maintien des prix et répondre également aux inquiétudes et aux aspirations d e notre jeunesse, comme aux exigences de notre économie.

« De lourdes tâches par contre s’imposent dans l’avenir, nous dit-il. Il faudra faire comprendre aux pouvoirs publics que les vaines discussions d’autrefois sont bannies à jamais. L’industrie ne pourra vivre et vaincre que si le gouvernement se montre très large dans ses compréhensions et ne reste pas prisonnier d’une administration trop sectaire. »

S’il y a péril technocratique, c’est au niveau des administrations centrales qui sont souvent muettes, sourdes, volontiers absolues.

« Se développer serait facile si toutefois le premier associé de chaque industriel qui est l’Etat et les divers organismes sociaux ne s’attribuaient pas la plus grande part des ressources. Ce qui reste doit servir à investir et entretenir les lieux et matériaux de travail afin que l’ensemble du personnel dispose dans des locaux spacieux, bien éclairés et aérés d’un maternel ultramoderne. »

Pour respecter cette règle, M. BURCKLE et M. MILLET ont toujours comme principal objectif que chacun de leur collaborateur puisse accomplir sa mission avec le maximum de sécurité, d’aisance et de satisfaction du travail bien fait.

DE GROS EFFORTS DE MODERNISATION

C’est ainsi que la FILATURE ET TISSAGE DU TERRITOIRE vient d’installer dans ses usines de Thann et Montreux-Vieux un nouveau matériel de dépoussiérage et de débourrée des cardes-fileuses, opérations autrefois très salissantes qui deviennent maintenant, grâce à ces installations. un véritable jeu d’enfants. Cette entreprise est également en train d’installer un nouveau matériel de filature (Continus et machines super-fuser ainsi que des nouveaux métiers à tisser sans navette, révolutionnant ainsi la fabrication à l’infinie complexité de la filature de carde.

Ceci est tellement vrai que la combinaison cardée et aiguilletage donne naissance au tissu non tissé largement diffusé par notre groupe sous l’appellation ARAWA. Mais cette complexité qu’engendrent nos fabrications nous oblige à rester fidèle à notre structure traditionnelle qui comporte malgré tous nos efforts de modernisation, une part artisanale.

« Ne doit-on pas aussurer le succès d’affaires dont les chefs font preuve d’un esprit d’entreprise tel, qu’on les  juge téméraires ? poursuit M. BURCKLE

» C’est pourquoi nous ferons nôtres les paroles toujours actuelles prononcées par le président John Kennedy au cours de la conférence de Genève, parlant de l’industrie textile en général.

« Nous devons en conséquence organiser sa protection et faire en sorte qu’elle puisse,  et rémunérer convenablement  les travailleurs qu’elle emploie  et réaliser les bénéfices nécessaires aux investissements  qui assureront sa survie. »

Sources : Paris Presse l’Intransigeant 19 novembre 1969