La visite du Président de la République le 12 février 1915

Visite du Président de la République Raymond Poincaré le 12 février 1915

 

Le cheveu blanc, poésie récitée le 12 février 1915 à Raymond Poincaré, Président de la République

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Le cheveu blanc

Poésie de Victor Gresset

C’était l’été dernier ; de passage à Berlin,
Je dinais chez une baronne
Dont, depuis vingt ans, le destin
A fait une Prussienne. Elle était Bourguignonne
Avant son mariage, et, malgré ses succès
D’esprit, de finesse et de grâce,
(Car à la cour elle avait sa place,)
Malgré son nom, son cœur était resté Français ;
Revoir son cher pays de France
Etait sa plus douce espérance.

Au dessert, on en vint à parler de Paris ;
Bons germains ! ce ne fut qu’ironie et mépris.
De l’astre des cités, la perte était fatale,
La superbe Lutèce était sur son déclin,
Et, sans aucun doute, Berlin,
De l’Europe, sous peu, serait la capitale.

Paris fut mis au pilori.
De tant d’outrecuidance outrée,
Eh bien, je vous fais un pari,
Dit la baronne exaspérée :
Que l’un de vous, messieurs, me remette un objet
Insignifiant, sans prix, vulgaire,
Et, je le jure ici, Paris en saura faire
Un bijou, quand Berlin n’en ferait qu’un hochet.

Un grand seigneur tint la gageure,
Il promit d’envoyer un spécimen pur sang
Dont on ne pourrait pas altérer la nature.
Qu’envoya-t-il ? un cheveu blanc.

La baronne, un instant, fut fort embarrassée,
Car, que faire avec un cheveu ?
Et sa parole était en jeu.
Bah ! Paris saurait bien trouver la panacée.
En expliquant le fait,
Elle adressa l’objet.

Intelligence sans pareille,
L’artiste, quinze jours après,
Lui retournait une merveille.
Du pari, c’était le succès.

L’aigle noir de la Germanie,
Dans sa serre, sanglante encor,
Etreignait un cylindre d’or
Duquel le blanc cheveu sortait comme un génie.
Il supportait un écusson,
Gracieux, simple de façon,
Dans lequel on voyait l’Alsace et la Lorraine
Sur un lit de feuilles de chène,
Et dessous, en lettres de feu :
Vous les tenez, Hélas ! mais c’est par un cheveu !

Le saviez-vous ? De l’accueil de Président Poincaré au Camp de concentration

Gabrielle Lauber née à Montreux-Vieux en 1899, la jeune fille qui a récité le poème « Le Cheveu blanc» au Président Raymond Poincaré lors de sa visite à Montreux-Vieux le 12 février 1915 a été déportée  avec toute sa famille en octobre de la même année au camp d’internement de Viviers (Ardèche) jusqu’à la fin de la guerre (1918) pour le motif qu’ils auraient été dénoncés comme des espions, qui, à partir de la maison Laiblé auraient fait des signes lumineux aux avions allemands pour les diriger vers les positions françaises. Sur la photo ci-dessus en bas à gauche Gabrielle à 80 ans récitant encore le poème « Le Chaveu blanc ».

La Camp d’internement de Viviers (Ardèche)

Le camp d'internement de Viviers

Ce camp ayant le statut de « camp de concentration » était installé à Viviers en Ardèche dans le grand séminaire. Sous tutelle du ministère de l’Intérieur, ce lieu a accueilli successivement deux catégories d’internés : l’une composée d’Alsaciens-Lorrains considérés comme “douteux” par les autorités (1914-1918) ; l’autre, d’ “Austro-Allemands” qui ne seront rapatriés ou expulsés qu’après la signature du traité de Versailles (1918-1919).

Pour mémoire :

Un tout petit commentaire à propos de la photo des petites « alsaciennes » sur les marches du temple. Je confirme qu’il s’agit bien d’une photo prise à l’occasion de la visite de Poincaré à Montreux-Vieux le 12 février 1915. La petite au centre au premier rang est Simonne Quiquerez qui avait offert le bouquet au président à son arrivée. Au second rang a gauche Marie Mercelat et à droite Augustine Kempf qui récita le compliment . Il n’y a pas moins de 12 clichés de cette visite édités en cartes postales dont un publié en couverture de l’Illustration. Sur celui-ci, on peut avoir l’impression que les petites alsaciennes ne sont pas les mêmes, mais il n’en est rien ; ce n’est que le résultat de retouches un peu forcées. Poincaré venant d’une revue de la 1ere division de montagne à Lachapelle sous Chaux est effectivement repassé à Montreux-Vieux sur le chemin de Dannemarie le 13/09/1915, pour rendre une courte visite à l’état major. En revanche, Poincaré n’était pas à Montreux le dimanche 2 mai 1915 comme le pense Nicole Aubry. Il était à son bureau à l’Elysée où il recevait les ministres Viviani et Millerand et plus tard le général Gouraud. Bien cordialement. Daniel LOUGNOT

Daniel Lougnot

· 12 février 1915 – VISITE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A MONTREUX-VIEUXVoici quelques éléments un peu moins connus concernant cette visite.

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Extrait du Journal des Marches et Opérations du 2eDragons en date du12 février 1915A 0 heures, le régiment est de piquet pendant 24 heures à la disposition du Groupe Sud. A 15 heures, revue du régiment disposé en bataille à l’Est de la route Montreux-Vieux/Chavannes-sur-l’Etang, par le Président de la République qui remet la Médaille Militaire au cavalier Gastaud du 2e Dragons et la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur au lieutenant de gendarmerie de l’Etat Major de la Brigade.

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Vers 15h sur la route de Chavannes sur l’Etang à Montreux-Vieux, le président Poincaré (de dos au milieu) passe en revue le détachement du 2e Dragons qui assure sa sécurité lors de sa visite à Montreux-Vieux. Le général Putz, commandant le Détachement d’Armées des Vosges, salue un officier et un cavalier qui viennent d’être décorés.

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A la sortie de l’école des filles, le Président de la République suivi (de g. à dr.) de son officier d’ordonnance, du général Putz, commandant le Détachement d’Armées des Vosges, de Millerand, ministre de la guerre, puis au second rang, du général Thévenet, gouverneur de la place forte de Belfort et du général Lebas, commandant le secteur de Bessoncourt

Aucune description de photo disponible.
Peut être une image de 5 personnes, personnes debout, plein air et texte qui dit ’304. En Alsace. MONTREUX- VIEUX Le Président de la République visite nos troupes en Alsace (12 Février 1915)’
Peut être une image de 4 personnes et personnes debout

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