Le nom et l’origine des Trois Montreux

Le nom et l’origine des Trois Montreux

La désignation « Montreux », vient du mot latin « monasteriolum » en français «moutier» ou « motier », avec deux sens de signification: monastère ou petite église. Cette origine se retrouve sous diverses et nombreuses formes comme Montreuil et autres. Même la langue germanique en est imprégnée avec « Munster » (cathédrale) dont des localités sont ainsi nommées. Les historiens, notamment l’abbé A. Behra auteur du remarquable ouvrage « Les 3 Montreux », se sont posés la question: pourquoi « monasteriolum » ? Dans les années 550 à 600, plus d’une centaine d’années après le départ des Romains, les populations locales se sont trouvées livrées à elles-mêmes. Souvent les hordes d’envahisseurs les font fuir vers la montagne et les biens étant irrégulièrement exploités, bientôt la végétation folle prend le dessus et le pays devient une friche. A ce moment là, se situe le début de la christianisation systématique de notre petite contrée. Des moines venus d’Ecosse et d’Irlande, viennent se fixer à l’arrière de la région ( Saint Colomban à Luxeuil,Saint-Ursanne, et Saint Imier en Ajoie).

 Montreux-Vieux, le plus ancien des trois.

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C’est dans cette lancée que le premier missionnaire irlandais aurait fondé, sous l’invocation d’un saint à sa dévotion qu’était Saint-Alban, un petit lieu de culte, en quelque sorte un « petit couvent ». Mais J. Quiquerez a poussé ses recherches plus loin. Selon lui, ce moine se serait établi en ces lieux et avec des hommes du cru, aurait effectivement installé un petit domaine de défrichage avec pratiques religieuses. L’historien en aurait même déterminé l’endroit approximatif, au bord de la rivière Saint-Nicolas, à l’ouest-sud-ouest du Montreux-Vieux actuel, (près de la route de Cunelières) où se seraient rassemblés des autochtones pour fonder un embryon de village autour. Ce serait donc en quelque sorte l’acte de naissance des trois Montreux. Toujours d’après lui, les lieu-dits du cadastre sont significatifs: « Les Monillats » (petits moines), « sous la Haute Croix », « Sur la Goutte aux Saints », la « Vie du môtier » (la route de l’église), etc. Il y a même le « Pré païen » où les habitants de l’époque auraient pu se réunir pour des célébrations païennes. Il affirme (il est bien placé pour en parler, en tant qu’ancien notaire), qu’il est rare de trouver en un espace aussi restreint, un nombre respectable de noms se rapportant de toute évidence à une époque déterminée. C’était le cas pour ces lieu-dits groupés en bonne partie sur une magnifique hauteur que l’on pourrait qualifier (écrit-il) de « colline inspirée ».

Ce premier hameau aurait été rasé par les Armagnacs et vers 1480, une nouvelle petite agglomération avec une église aurait vu le jour un peu plus au nord-est, là où il a trouvé son implantation définitive. En tout cas, la première date historique, où le nom de Montreux apparaît est l’année 1090 sous la forme latine « Monstrol » (cité à trois reprises), dans une charte de la comtesse Mathilde, fille du comte Louis de Mousson, et épouse d’Hugues VII d’Eguisheim. Mais la première allusion à Montreux-Vieux est faite en 1260 lorsque la Comtesse de Toul qui possédait le patronage de cette église en fit don à l’abbaye de Valdieu. L’ancienne église dédiée à Saint-Blaise, celle qui précédait l’actuelle, datait de 1782. Elle aura succédé à un autre bâtiment cultuel qui ne mesurait que 6 m de longueur et censé avoir été construit en 1680 environ. A partir de 1871 déjà, l’état déplorable du bâtiment avait nécessité la fermeture du choeur. Deux facteurs ont joué alors.

D’une part, il s’est avéré que les réparations seraient très onéreuses et d’autre part, les autorités allemandes qui voulaient faire de Montreux-Vieux (Altmünsterol en langue germanique) premier village du Reich, une vitrine, tenaient à ce qu’une imposante église y soit construite. L’affaire est remontée jusqu’à l’Empereur d’Allemagne, le « Kaiser ». Il convient de préciser que Montreux-Vieux ne comptait que 222 habitants en 1870, mais après l’annexion, ce fut l’explosion démographique. En 1891, la population s’élevait déjà à 623 âmes pour dépasser les 1.000 en 1913-1914. Avec les subsides de l’Etat allemand et même, personnellement du Kaiser (la grosse cloche serait, d’après le curé Schuler, un don du Kaiser lui-même, alors que le maître-autel serait un cadeau de l’Impératrice), la nouvelle église a été consacrée le 3 octobre 1899. Le clocher comporte quatre cloches dont les tonalités ont été réussies avec une précision mathématique, ainsi qu’une horloge. La mélodieuse sonnerie sera par sa belle et pure musique, une source de joie sereine et harmonieuse pour tous les habitants de la paroisse mais aussi pour tous ceux des alentours. Le coût total de l’édifice s’est élevé à 57.215 marks. Montreux-Vieux, le plus ancien (comme son nom l’indique), en serait donc à sa cinquième église si l’on considère comme telles, les premières aux dimensions très réduites.

René et Marie Jeanne PIERRE

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