On pouvait lire: la vache de l’épicier Karm de Montreux-Vieux

On pouvait lire: la vache de l’épicier Karm de Montreux-Vieux

Dans le Recueil de Médecine vétérinaire  Vè série, tome VII, n°19.  du 15 octobre 1890  quelques observations de dystocie chez nos grandes femelles domestiques,  par M. FRIEZ, vétérinaire à Boron, notamment cellecon cernant  la vache de l’épicier Karm de Montreux-Vieux.

Dans ces dernières années, j’ai recueilli, chez nos grandes femelles domestiques, plusieurs cas de dystocie qui me paraissent présenter un certain intérêt. Je demande à la Rédaction du Recueil de vouloir bien les publier; très heureux si elles peuvent être de quelque utilité aux praticiens qui exercent dans les grands centres d’élevage.

1ère  Observation. Le sieur Jagy, cultivateur à Chavannes-les-Grands, village frontière française, vient me chercher le 5 juin 1887, pour examiner une vache à son deuxième veau, à terme, en parturition depuis la veille, et chez laquelle, me dit-il, on ne trouve rien. Cette bête est tourmentée par des coliques légères et intermittentes. Je pratique l’exploration vaginale; en arrivant au col de la matrice, je sens qu’il est resserré, qu’il ne laisse même pas passer le doigt; il y a une torsion du col. Le cas était assez embarrassant, et la bête, très vigoureuse, faisait des efforts violents pendant l’exploration. Me rappelant alors les leçons de M. Goubaux sur la disposition des ligaments et des cornes dans le cas de torsion de la matrice, j’eus l’idée de suspendre la vache. Je fis en conséquence attacher deux cordes au-dessus de chaque jarret, et, avec un tour suspendu à une poutre de la grange, je fis enlever le derrière de la bête de façon à ce qu’elle appuyât sur le sol uniquement par la tête et qu’elle se trouvât en position renversée. Je montai sur le grenier à foin et j’explorai de nouveau. Le doigt pouvait passer ; j’introduisis bientôt la main. Je saisis un pied et pus opérer immédiatement une partie de la détorsion, je fixai ce pied avec un lacs; je saisis ensuite l’autre avec lequel j’opérai comme sur le premier; j’amenai la tête en bonne position, puis je fis descendre un peu la patiente afin de pouvoir sortir le veau de plain-pied dans la grange. Quelques minutes après, j’obtenais un veau bien vivant et bien conformé. Je fis une légère saignée à la vache. Le quatrième jour elle était complètement rétablie.

2e Observation. Karm, épicier à Montreux-Vieux, village frontière allemande, me fait appeler le 17 juin 1887, pendant la nuit, pour une vache au sujet de laquelle on me donne approximativement les mêmes renseignements que pour le cas précédent. La vache est à son troisième part ; les deux premiers ont eu lieu sans aucune difficulté. En l’explorant, je reconnais la même disposition que chez la précédente; cette fois, je suis plus sûr de moi, et j’opère d’une façon très rapide aussitôt après la suspension. La parturition fut vite terminée. Le veau était mort. Quelques « artistes » du village ayant travaillé avant mon arrivée, la bête était un peu fatiguée; mais après quelques jours, elle était complètement rétablie.

3e et 4e Observations. Le sieur Gentine, à Romagny, deuxième village frontière allemande, me fait appeler le 13 février 1886 pour visiter une jument, âgée de six ans, race suisse, qui a pouliné la nuit précédente d’une façon normale, sans aucun aide, et qui a eu un renversement de la matrice. Il est dix heures du matin ; le renversement existe depuis un certain nombre d’heures. Aussi, la muqueuse est noire et tuméfiée, mais on ne remarque aucune lésion sérieuse à la surface ; le propriétaire et son voisin ont essayé en vain quelques manipulations. Je tente la réduction, mais les efforts de la patiente m’opposent une résistance que je reconnais ne pouvoir vaincre.