ARRESTATION DES TROIS CRIMINELS
Nous avons déjà dit qu’une double tentative d’assassinat avait été commise à Brebotte (Haut-Rhin) dans la nuit du 17 au 18 avril courant.
Le Parquet, de Belfort ayant fait appel au concours de la brigade mobile, M. le commissaire dépêcha MM. Vernet, sous chef de la brigade et l’inspecteur Dufour.
Dans leur précipitation, les assassins avaient abandonné sur les lieux du drame, un chapeau acheté à Mulhouse et un casse-tête formé avec du plomb et des câbles électriques et un vieux parapluie.
Muni de ces objets, M. Vernet se rendit à Mulhouse et se mit en rapport avec la police allemande qui lui prêta le concours le plus dévoué.
Malheureusement, les commerçants de Mulhouse ne purent fournir aucun indice utile à l’enquête. Mais, M. Vernet avait, une autre corde à son arc. Pressé de questions, la belle famille d’une des victimes avait fait connaître qu’un sien parent de Mulhouse était resté pendant trois jours à Brebotte, i! y a de cela 4 ans.
M. Vernet découvrit ce parent. Bussinger Josepf. âgé actuellement de 17 ans ; seulement, les meilleurs renseignements furent recueillis, tant sur lui que sur sa famille. Néanmoins, les efforts des polices furent dirigés sur cette piste qui était leur dernière cartouche et, après une longue conversation, la mère de Bussinger reconnaissait que son fils avait découché pendant la nuit du crime.
Un piège fut établi, on put capturer le jeune assassin qui fit connaître ses deux complices.
Ceux-ci furent arrêtés le même jour. 22 avril et écroués à Mulhouse. Ce sont les nommés Sauvageot Lucien, 18 ans. électricien à Mulhouse- Langestrass , 10 et Saches. 19 ans. serrurier même adresse.
Les trois inculpés ont fait des aveux. Comme ils sont de nationalité allemande, ils ne pourront être extradés et seront jugés par la cour d’assises de Mulhouse qui, parait-il, ne se montre pas tendre pour ce genre de malfaiteurs.
Ces trois jeunes bandits étaient arrivés à Belfort, le dimanche 17 avril, à 5 h. 30 du soir. Ils se firent conduire en voiture à Brebotte pour détourner les soupçons du cocher, ils lui demandèrent de leur indique le presbytère.
Après s’être reposés dans une prairie jusqu’à 11 heures du soir, ils fracturèrent une croisée de la maison Chevalier, habitée par cinq personnes valides. Ils pénétrèrent
à l’intérieur par l’ouverture d’un carreau de vitre et pendant que Saches faisait le guet au rez-de-chaussée, les deux autres se rendaient près de leur victime, la veuve Chevalier qui dormait au premier étage.
Sauvageot se mit à frapper furieusement la pauvre femme avec son casse-tête. Réveillée, la pauvre femme cria et sa belle sœur, couchée dans la pièce voisine, accourut. Mal lui en prit, car Sauvageot se retourna contre elle, pendant que Bussinger frappait la première victime. Mais les fils de cette dernière, qui avaient été réveillés aussi, se levaient à la hâte et firent du bruit, de sorte que les jeunes assassins prirent peur et s’enfuirent par une croisée qu’ils avaient eu la précaution d’ouvrir afin de faciliter leur fuite.
Les coupables se rendirent à pied à Montreux-Vieux où ils prirent le train de 5 heures du matin pour Mulhouse. En route, ils jetèrent dans le canai deux casse-tête, des pinces, des fausses clés, etc.
On voit qu’ils avaient, tout prévu et qu’ils ne manquaient pas d’audace.
Ce double crime a produit une profonde impression sur la paisible population de Brebotte et des environs, car la famille Ghevallier est très estimée.
Dans cette affaire qui a été menée rapidement et avec habileté par la brigade mobile française et par la police allemande, Une large part du succès revient aux dévoués magistrats de Belfort, ainsi qu’aux actifs commissaires spéciaux du Haut-Rhin
N’oublions pas de féliciter également nos excellents limiers de la onzième brigade
Sources : Le Petit Bourguignon 26 avril 1910