Sur la frontière allemande.

Sur la frontière allemande. — Une aventure assez curieuse vient d’arriver à un négociant de Belfort qui se rendait à Altkirch (Haute-Alsace), pour affaires. A Montreux-Vieux, première gare allemande, le gendarme de service l’arrêta à la sortie des voyageurs : — Où allez-vous ? — A Altkirch, lui répondit le voyageur. — N’ètes-vous pas un officier français ? Malgré une réponse négative de notre compatriote, le Pandore allemand s’obstina à voir en lui un officier et le négociant put remarquer pendant tout le temps qu’il passa à Altkirch, qu’il était filé et son « fileur » ne le quitta que lorsqu’il eut repris le train pour Belfort. Mais le plus drôle de l’affaire, c’est que, pendant que le négociant belfortain parle mentait avec le gendarme, un officier en garnison à Belfort, un officier authentique celui-là, appelé en Alsace par une grave maladie de sa mère, profitait de la discussion et prenait tranquillement le train de Mulhouse sans que le cerbère à casque pointu pût se douter qu’il venait de lâcher la proie pour l’ombre. Le négociant ne fut mis au courant de la méprise du gendarme allemand par l’officier que lorsque le train eut quitté la gare de Montreux-Vieux

Sources : Mémorial de la Loire et Haute Loire 7 mars 1893