Le Général Berdoulat à Montreux-Vieux le 21-06-1917
Q.G. du 1er C.A. colonialle Général Berdoulat Commandant le 1er C.A colonial
Né le 29 juillet 1861 à Pinsaguel (Haute-Garonne) d’un père maçon.
Après des études aux lycées de Toulouse et de Bordeaux, il s’engage le 20 octobre 1879 au 57e régiment d’infanterie à Bordeaux, passe caporal onze mois plus tard. Le 26 décembre 1880, il remet volontairement son grade pour suivre les cours de préparation à l’examen de l’École spéciale militaire avant d’être affecté le 6 mai 1881 au 144e régiment d’infanterie à Bordeaux. Il entre à l’École spéciale militaire le 29 octobre 1882 (promotion des Pavillons-Noirs) et en sort le 1er octobre 1884 avec le grade de sous-lieutenant et classé 15esur 406 élèves. Il rejoint le 4e régiment d’infanterie de marine à Toulon. Arrivé au Tonkin le 3 juin 1885, il rejoint la Cochinchine le 26 juin 1886. Il revient ensuite dans le Sud le 23 septembre et reçoit ses galons de lieutenant le 2 novembre. Son courage dans les combats des colonnes et sa vigueur de corps et d’esprit et valent d’être remarqué par le commandant supérieur des troupes qui le prend à partir de ce jour comme officier d’ordonnance. Le 18 juin 1887, il est affecté au 1er régiment d’infanterie de marine. Il y demeure jusqu’à son départ pour le Tonkin où il est affecté au 1er régiment de tirailleurs tonkinois à Hâiduong le 19 février 1889. Il passe au 6e régiment d’infanterie de marine le 16 février 1891 puis, rentré en France en août, au 2e régiment d’infanterie de marine le 27 novembre. Le 14 janvier 1892, il est affecté comme aide de camp du général Godin commandant la brigade du 2e arrondissement maritime de Brest. Il est promu capitaine le 12 août suivant. Le 20 mai 1893, il est muté au 2e régiment d’infanterie de marine pour être affecté à l’état-major du préfet maritime de Brest le 20 mai 1893.
Il suit les cours à l’École supérieure de guerre du 1er novembre 1894 au 31 octobre 1896 et obtient le brevet d’état-major avec la mention Bien.
Le 27 novembre 1896, il rejoint comme stagiaire l’état-major du gouvernement militaire de Paris. Le 18 novembre 1898, il est affecté à l’état-major du général de Trentinian au Soudan, où il est promu chef de bataillon le 30 mai 1900. Il passe au 3e régiment d’infanterie de marine le 31 mai et rentre du Soudan le 27 juillet. Le 22 janvier 1901, il est affecté à Paris pour servir à la 8e direction des troupes coloniales. Le général Gallieni l’ayant réclamé à Madagascar, il arrive sur le territoire le 15 septembre 1903 pour occuper à partir du 26 octobre 1903 les fonctions de chef d’état-major du commandant supérieur des troupes du groupe des troupes de l’Afrique orientale. Il est promu lieutenant-colonel le 30 mars 1904. Le 25 août 1905, il est muté au 3e régiment d’infanterie coloniale chargé de pacifier le sud de l’île. Cette difficile mission lui vaut le 28 novembre 1905, 15 jours avant son départ de Madagascar, une citation à l’ordre de l’armée. Revenu en France, il est affecté le 9 juillet 1906 au 6e RIC à Brest. Il passe colonel le 24 mars 1908. Puis il retourne le 25 juin à Madagascar où il reçoit le commandement du 1er régiment de tirailleurs malgaches le 1er juillet 1910. Le 14 août, il quitte l’île pour occuper les fonctions de chef du 1er bureau à l’état-major des troupes coloniales. Deux ans plus tard, le 23 octobre 1912, il est nommé directeur de ces troupes au ministère de la Guerre. C’est à ce titre qu’il organise et coordonne l’envoi des renforts au Maroc en 1911 et 1912.
Il est promu général de brigade le 18 mars 1913. Le 2 août 1914, à la déclaration de guerre, il obtient de quitter son bureau pour prendre le 8 octobre 1914 le commandement de la 52ebrigade d’infanterie puis, le 11 novembre 1914, celui de la 69e division d’infanterie de réserve. Son énergie, ses qualités de commandement et de coup d’œil le font rapidement distinguer. Le 1er mai 1915, dix jours à peine après sa promotion au grade de général de division, il est mis à la tête du 1er corps d’armée colonial en remplacement du général Gouraud qui part pour les Dardanelles. Commandée par un chef qui le connait et sait utiliser sa bravoure, le corps colonial fait des merveilles. Le 25 octobre 1915 il est cité à l’ordre de l’armée. Au cours des combats en Champagne du 15 septembre au 2 octobre, il s’empare de positions ennemies puissamment fortifiées et, pendant sept jours consécutifs, se maintient sur la Main de Massiges avec une vigueur inlassablement tenace, brisant les plus violentes contre-attaques d’un adversaire qu’elle refoule de position en position. En juillet 1916, au sud de la Somme, il parvient à enfoncer les positions sur une profondeur de près de 10 kilomètres. Ayant lancé une attaque préliminaire près du Moulin de Laffaux avant la grande offensive d’avril 1917, il n’a pas l’optimisme général et déclare que l’insuccès doit être attribué en premier lieu à l’intervention de nombreuses mitrailleuses ennemies qui, bien abritées pendant la préparation dans les caves voûtées du village, ont pu être sorties et mises en place au moment de l’alerte. Il redoute que l’artillerie amie ne puisse venir à bout de ces défenses souterraines, ce qui ne l’empêche pas de se distinguer ensuite en enlevant les positions de la ligne Hindenburg dans le secteur. Le 25 juillet, il cède son commandement au général Mazillier pour prendre celui du 20e corps d’armée, en remplacement du général Balfourier. Il soutient brillamment, dans ce nouveau poste, la réputation qu’il s’est acquise. Rattaché à la 10e armée du général Mangin le 18 juillet 1918, il enfonce sur 30 kilomètres les positions allemandes vers Soissons en septembre, puis franchit l’Oise et dégage Guise par le sud en novembre. En cinq mois, il capture ainsi 12000 prisonniers, 140 canons et un énorme matériel. Il est cité à l’ordre de la 1re armée le 28 novembre. Le 21 janvier 1919, tout en conservant le commandement de son corps d’armée, il reçoit le commandement de la 20e région. Il est appelé aussitôt, le 18 février, au Gouvernement militaire de Paris. Le 24 octobre 1922, il est maintenu dans ses fonctions. Enfin, le 29 juillet 1923, il est placé dans la deuxième section du cadre de réserve après 43 ans de service et 18 campagnes. Il devient ensuite membre du Conseil de l’Ordre de la Légion d’honneur.
Considéré comme l’un des grands généraux de la guerre, solide en toutes circonstances, inaccessible au découragement comme à tout emballement, estimé unanimement par ses chefs, ses camarades et ses hommes, modeste et simple, le général de division Berdoulat est décédé le 24 novembre 1930 à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris (Seine).
Il était grand-croix de la Légion d’honneur, Croix de guerre 1914-1918 (2 citations), médaille coloniale avec agrafes « Soudan » et « Madagascar », médaille du Tonkin, médaille commémorative de la Grande guerre, médaille interalliée de la Victoire, grand-officier de l’Ordre de Léopold (Belgique), Croix de guerre 1914-1918 (Belgique), Distinguished Service Medal (États-Unis), commandeur de l’Ordre de Saint-Michel et de Saint6georges (Royaume-Uni), chevalier de l’Ordre royal du Cambodge, chevalier de l’Ordre du Dragon de l’Annam, officier de l’Ordre de l’Étoile d’Anjouan.
Archives nationales ; site de Paris LH/185/55.
Le général Berdoulat, gouverneur militaire de Paris, a déclaré ceci à un rédacteur de journal : (Petit Parisien, 27 février 1919.)
« Averti par les actions qui précédèrent notre grande offensive de l’imminence d’une bataille décisive, le maire de Montreux-le-Vieux m’écrivit une lettre qui me parvint le matin même du 18 juillet. Elle contenait ces mots : « Tous mes vœux pour votre succès et notre victoire. » Eh bien j’étais, ce jour-là, je ne sais trop pourquoi, si ému par la certitude du triomphe qu’au moment même où l’action se déclenchait, bien avant d’en connaître le résultat, séance tenante, je répondis au maire de Montreux : « Vos vœux sont exaucés, c’est la victoire, la déroute de l’ennemi. » Qui m’a poussé à écrire ainsi et à annoncer le gain d’une bataille qui n’était pas commencée? Pourquoi ai-je fait cela? Pourquoi ce matin-là avais-je non plus l’espoir mais la certitude du succès? La vérité c’est qu’une force mystérieuse me possédait… Ce fut là ma plus grosse émotion de toute la guerre. Le soir nous avons couché à quinze kilomètres de nos lignes de départ. »
Source : La Revue Spirite 1er juin 1919
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