Arrêté pour avoir crié « Vive la France »

Arrêté pour avoir crié « Vive la France »

On écrit de Montreux-Vieux à l’Express, de Mulhouse

Le 11 juin, un étudiant suisse, venant de France» voulut passer la frontière. Connue il n’était pas muni du passeport réglementaire et qu’il n’avait même pas de papiers constatant son identité, le commissaire de police préposé à la frontière l’invita à prendre la ligne de Delle pour rentrer dans son pays. L’étudiant monta dans le train suivant qui faisait route pour Belfort. Mais au moment où le convoi se mettait en marche, le jeune homme mit la tête à la portière et poussa un cri retentissant de « Vive la France! » Le gendarme stationné sur le perron fit donner au train le signal d’arrêt, signal que le mécanicien ne comprit pas, sans doute, car la locomotive n’en continua pas moins on chemin. On allait franchir la dernière barrière allemande, quand le garde qui, lui, avait entendu le signal, planta sur la voie, son drapeau rouge. Le train stoppa. Le gendarme accourut, fit descendre notre étudiant de wagon et le ramena à Montreux-Vieux, où il l’incarcéra provisoirement, en attendant son transfert à Mulhouse.

Le Temps  15 juin 1889

Mulhouse,14 juin. — Un -incident, qui marque bien l’état d’esprit de la jeunesse suisse vis-à-vis de l’Allemagne, vient de se produire-à-Montreux-Vieux. Voici-le fait : Le 11 juin, un étudiant suisse, venant de France, voulut passer, la frontière. Comme il n’était pas muni du passeport réglementaire et qu’il n’avait même pas de papiers constatant son identité, le commissaire de police préposé à la frontière l’invita à prendre la ligne de Delle pour rentrer dans son pays. L’étudiant monta dans le train suivant qui faisait route pour Belfort. Mais au moment où le convoi se mettait en mar che, le jeune homme mit la tête à la portière et poussa un cri retentissant de : «Vive la France! » Le gendarme stationné sur le perron fit donner au train le signal d’arrêt, signal que je mécanicien ne comprit pas, sans doute, car la locomotive n’en continua pas moins son chemin. On allait franchir la dernière barrière allemande, quand le garde qui, lui, avait entendu le signal, planta sur la voie sou drapeau rouge. Le train stoppa. Le gendarme accourut, fit descendre l’étudiant de wagon et le ra mena à Montreux-Vieux, où il l’incarcéra provisoirement, en attendant son transfert a Mulhouse.

Sources : L’Intransigeant 16 juin 1889

Notre correspondant de Montreux-Vieux a signalé récemment le fait de cet étudiant suisse qui, refoulé à la frontière, a été obligé de se rembarquer dans le train retourner à Belfort, et qui pour manifester son mécontentement s’est mis à pousser des cris de ; Vive la France I Cet étudiant se nomme Henri-Louis Perret, de Lausanne, âgé de 20 ans, étudiant en médecine à Bâle. Il comparait aujourd’hui sous la prévention de cris séditieux, Le tribunal, le reconnaissant coupable, prononce contre lui une peine de trois mois de prison et de 16 mark d’amende.

Sources : Express 21 juin 1889

Alsace-Lorraine.

Le gouvernement d’Alsace-Lorraine vient de gracier l’étudiant suisse de l’Université de Bâle, qui avait, on s’en souvient, proféré le cri séditieux de :« Vive la France » dans le train, qui le refoulait sur le territoire français, pour s’être permis de pénétrer en Alsace par Montreux-Vieux, sans passeport.

Le train avait été arrêté par signal d’arrêt à peu de distance de la frontière, et le délinquant retiré de son compartiment et conduit à Mulhouse. Condamné a six mois de prison, cet étudiant, après quelques jours de liberté sous caution, revint à Mulhouse purger sa peine.
Il a été remis en liberté vendredi.

Journal des débats politiques et littéraires 02 septembre 1889

L’AFFAIRE DE MONTBEUX-VIEUX

L’étudiant suisse. — Relaxé contre cautionnement.

(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER) Belfort, 25 juin.

Louis-Henri Perret, de Lausanne, étudiant à la Faculté de médecine de Baie, qui vient d’être condamné à trois mois de prison et seize marks d’amende pour avoir crié: « Vive la France », à Montreux-Vieux, vient d’être relaxé.

Perret n’a dû sa liberté qu’a la condition de verser un cautionnement de 10,000 marks.

Il est probable que les Allemands ne reverront pas leur victime. Une cotisation des étudiants suisses parlera la somme de 10,000 marks pour libérer leur compatriote et condisciple.

Sources : Le XIX Siècle 27 juin 1889