MONTREUX-VIEUX, 27 octobre 1909. — Nous avons raconté qu’un garde a tiré l’autre jour sur un homme qu’il a surpris en flagrant délit de braconnage dans le bois de Willern. La < Landeszeitung > rapporte que le blessé ne s’était nullement rendu coupable de braconnage et que le garde a tiré sur lui à une distance de 20 mètres, obéissant à l’injonction d’un fils du fermier de la chasse, La victime de cet acte d’arbitraire a reçu 11 plombs au-dessous du genou. On craint que l’amputation ne soit nécessaire.
Sources : Express du 28 octobre 1909
Chronique judiciaire COUR D’ASSISES : Audience du 18 mars Le garde forestier Jacques-Jules Resz, de Chavannes-sur-l’ Etang, est accusé d avoir le 21 octobre 1909, dans l’exercice; de ses fonctions, maltraité volontairement le sieur Charles Lucien Arnoux et d’avoir par ses faits provoqué sa mort.
Pendant une battue que M. W. Laible, expéditeur de Montreux-Vieux, avait organisée dimanche le 27 octobre dans la forêt do Willern, un des truqueurs rencontra un individu couché sur un sac rempli d herbes sèches. M. Laible averti, vint voir l individu et l’interrogea sur sa présence dans la forêt. L’ individu fit des réponses évasives. Il avait dans sa poche un livret militaire français au non de Charles-Lucien Arnoux, de Rosières (Doubs), mais M. I.aibl e avait compris qu’il se disait être Russe. Comme le tsar avait passé la veille A Montreux Vieux et que le train impérial devait revenir par la même voie le lendemain, M. W. Laible conçut des soupçons et vit dans Arnoux un anarchiste projetant un attentat contre le souverain russe.Il appela le garde forestier Resz et lui donna l’ordre de conduire l’étranger A la station de gendarmerie do Montreux». Resz accepta la mission et déclara A Arnoux en français
Qu’il l’arrêtait au nom de la loi lui: signifiant qu’il tirerait sur lui à la moindre tentative de fuite. Arnoux suivit d’abord le garde sur la route de Magny, mais bientôt fit un crochet pour s’enfoncer dans la forêt, malgré les efforts de Resz. Ce dernier prétend qu’à ce moment Arnoux l’a assailli en le frappant avec une bouteille à moitié pleine et que de cette façon le prisonnier est parvenu à fuir. Comme il ne s’était pas arrêté aux trois sommations du garde, celui-ci a tiré et la charge de plombs a atteint à la cuisse Arnoux qui a succombé deux jours plus tard A l’hôpital do Mulhouse. La blessure avait provoqué une inflammation aiguë des tissus cellulaires et une infection générale. Resz allègue que, chargé à la surveillance de la voie à l’occasion du voyage du tsar, il avait mission d’arrêter les individus suspects et de les conduire à la gendarmerie. Le jury répond affirmativement à la question de coups et blessures ayant occasionné la mort et à celle des circonstances atténuantes. Resz est condamné à 4 mois de prison.
Sources : Express 19 mars 1910