UN INTRÉPIDE MARCHEUR. Nous avons reçu hier après midi, la visite d’un confrère berlinois qui fait un voyage extraordinaire. M. Henri Stoll, c’est le nom du confrère en question, a entrepris le tour du monde à pied. Parti de Londres le 1er juin 1893, il doit être rendu à Londres le 1er janvier 1890. La condition essentielle du pari, de 5000 Mark qu’il a engagé à l’effet de ce voyage, est de n’emporter aucun argent et de ne vivre qu’avec les secours qu’il recevra en route. M. Stoll a passé à Berlin le 27 juillet, à Dresde le 31, à Vienne le 11 août, à Venise le 8 septembre, à Fiume le 23. Là, il s’est embarqué pour Alger et a suivi la frontière du Maroc, où il a été arrêté par les autorités françaises, qui, le prenant pour un espion, l’ont expulsé et fait transporter en bateau et en chemin de fer jusqu’à Marseille et, de là, à la frontière allemande de Montreux-Vieux.
Cet intermezzo a interrompu le voyage de M. Stoll, qui voulait suivre la côte d’Afrique jusqu’au cap de Bonne espérance et s’embarquer pour l’Australie. Le courageux voyageur a changé son itinéraire. Il va retourner à Berlin, traverser la Russie, la Perse, les Indes, l’Extrême Orient, traverser le Pacifique, gagner l’Australie et revenir par l’Amérique. Notre confrère n’est pas en brillant, équipage. Les conditions dans lesquelles il exécute son tour de force excluent pour lui toute idée de confort. Il n’a toutefois pas l’air trop fatigué et ses traits respirent l’énergie et la bonne humeur. C’est un homme de 29 ans, de petite taille. Il s’exprime bien dans le plus pur allemand.
Sources : Express 13 février 1894