Poteau frontière. On l’a porté chez le gouverneur de Belfort, aux acclamations des habitants électrisés, et le gouverneur, tout ému, a donné un Louis à l’homme qui l’avait arraché. Derrière le poteau, il y avait une auberge tenue par un immigré, elle s’appelait Gasthaus zum Grehze ; elle est toujours debout, vide ; les fenêtres sont saccagées. Plus loin, c’est Montreux-Vieux, qu’on ne nomme plus Alt. Miinsterol. Nous nous arrêtons pour contempler les effets de la guerre. L’armée française occupait le village et la gare. La mitraille allemande pleuvait ; l’ennemi était en face, retranché vers un petit bois. Bientôt il partit en déroute, mar quant sa route de cadavres. Montreux-Vieux avait payé le succès: il n’a souffert que des armes prussiennes. Dans la gare, toutes les vitres sont trouées par les balles ; on a couvert leurs plaies étoilées avec des papiers verts qui semblent de gros confettis; les rails s’allongent au loin ; les disques et les signaux font autant de bizarres squelettes dans ce désert étroit. La Kaiserliches Post n’est plus que décombres. Plus de loit sur la maison ; l’escalier est tout noirci par les flammes ; j’ai voulu cepertdant le gravir et j’ai découvert dans la chambre, qui était celle du receveur, parmi des décombres, et les souillures, deux bicyclettes tordues, amas de ferraille rouillée.. A côté, il y a un café allemand. il est; tenu par une femme blonde, raconte notre guide ; son mari était un espion que nous avons dû fusiller. Pëut-êlre allez-vous la voir. Mais la fertlme blonde ne s est pas montrée.
Sources : Journal Politiques et Littéraires 20 novembre 1914