Un Officier français à la retraite, interdit de passer la frontière à Montreux-Vieux

Un Officier français à la retraite, interdit de passer la frontière à Montreux-Vieux

Strasbourg 13 mai. De notre correspondant particulier’ (par téléphone). La police allemande vient d’interdire l’entrée du territoire alsacien-lorrain à un officier français dans les circonstances suivantes: M. Lalloz, capitaine en retraite du 35° régiment d’infanterie à Belfort, est propriétaire de l’hôtel des Ballons-d’Alsace (Territoire de Belfort). Il se rendait par la voie ferrée à Mulhouse, où il devait revoir quelques membres. de sa famille.

En arrivant à la gare-frontière de Montreux-Vieux, le commissaire spécial allemand. nommé  Steinmetz. l’arrêta et lui dit : Nous possédons ici le signalement de tous les officiers français, en activité ou en retraite, de la région. Or, vous êtes l’un de ces derniers. En conséquence, vous ne pouvez pas passer ia frontière.

M. Lalloz fit observer qu’il était en retraite et que, de ce fait, il devait être forcément considéré corrime un particulier. Rien n’y fit et il fut reconduit à la frontière. Cet incident a soulevé une vive impression dans les provinces annexées, d’autant plus que c’est justement demain, mardi, que le Parlement alsacien-lorrain doit discuter la question d’amnistie des réfractaires d’Alsace-Lorraine.

Sources: le Matin 14 mai 1907

MONTREUX-VIEUX, 10 mai. — On nous écrit ; < M. Lalloz, le propriétaire et tenancier bien et honorablement connu de l’hôtel Margloff  au Ballon d’Alsace , capitaine du 35e d’infanterie en retraite , se proposait d’aller à Mulhouse avec sa femme, aujourd’hui, par le train de 10 h. du matin, à la rencontre déparant, lorsqu’à Montreux-Vieux (frontière), M. Steinmetz, faisant fonctions de commissaire de police lui interdit le passage et le recula sur France, sous prétexte qu’un officier français , < même en retraite », ne peut traverser l’Alsace sans l’autorisation du gouvernement allemand. « M. Lalloz, originaire de la Haute-Saône, et retraité, n’est-il donc pas un simple particulier?» Il nous semble que oui et nous aimerions bien savoir, afin de renseigner utilement le public, si le commissaire de Montreux-Vieux a agi en vertu d’instructions spéciales ou s’il a simplement fait excès de zèle.

Sources : Express 12 mai 1907