LA GERMANISATION OFFICIELLE

Mulhouse, 16 décembre.

Jusqu’à ces derniers temps, et en vertu d’une disposition transitoire, un certain nombre de communes d’Alsace et de Lorraine étaient autorisées à faire usage de la langue française comme langue officielle, pour les actes publics.

Rentraient dans cette catégorie les délibérations des conseils municipaux, les publications officielles, les inscriptions sur les registres de la commune, les rapports avec les fonctionnaires de l’Etat.

Presque toutes les communes lorraines situées sur la rive gauche de la Moselle, celles du Sundgau alsacien, avaient bénéficié de cette «tolérance ». Mais, depuis le commencement de cette année, cette tolérance a été restreinte. Elle est annulée pour les communes de la Haute-Alsace, ou va l’être.

En effet, à partir du ler janvier 1890, les dernières communes encore favorisées devront substituer l’usage de la langue allemande à celui de la langue française pour les actes officiels.

Les maires intéressés des communes de Lucelle, Valdieu, Bratt, Montreux-Jeune et Montreux-Vieux, ont été avisés de la décision du gouvernement à leur égard.

En haut lieu, on suppose que la connaissance de la langue allemande a suffisamment pénétré dans les milieux des communes frontières, mais c’est là une conviction toute politique que la réalité dément, par ce fait que les communes en question, notamment Valdieu, Montreux-Jeune et Montreux-Vieux, sont par leur situation géographique forcées d’entretenir leurs relations économiques avec les communes françaises.

Sources : Le Cri du Peuple (Paris) 18 décembre 1889

Express de Mulhouse, annonce qu’à partir du 1er janvier l’usage de la langue française ne sera plus toléré dans l’expédition des affaires publiques pour les communes suivantes de l’arrondissement d’Altkirch : Montreux-Vieux, Bratt, Valdieu, Montreux-Jeune et Lucelle. Toutes les communications aux autorités devront être faites en langue allemande, à moins que celles-ci, dans les cas exceptionnels, n’autorisent de se servir du français.

Sources : La République Française 18 décembre 1889