Le viol de l’espace aérien en 1914/1918 à Montreux-Vieux

Le viol de l’espace aérien en 1914/1918 à Montreux-Vieux



A la veille de la guerre de 14-18 un délit nouveau fit son apparition, le viol de l’espace aérien, le franchissement accidentel ou intentionnel de la frontière par les fragiles aéroplanes. Le 15 août 1912, deux des plus célèbres pilotes français du moment, Chambenoît et Daucourt, profitèrent de leur participation au meeting de Belfort pour s’éloigner vers l’est, franchir la 
frontière et larguer au-dessus de Montreux-Vieux et d’Altkirch des petits drapeaux tricolores et des prospectus patriotiques. Ce geste puéril, vaine provocation, caractéristique de l’état d’esprit général en France, provoqua un incident diplomatique. Les Allemands envisagèrent par ailleurs toute une série de représailles au cas ou un tel incident se reproduirait. Lorsque par la suite des pilotes du camp d’aviation de Belfort s’égarèrent accidentellement au-dessus de l’Alsace ils furent sanctionnés dès leur retour. Les autorités 
françaises ne tenaient pas à provoquer inutilement l’Allemagne. Dans l’esprit de tous les Français cette frontière n’était que provisoire, un jour la France reprendrait l’Alsace et la Lorraine mais en attendant elle était là, elle existait, il fallait en tenir compte. Elle devait subsister durant près de 43 années. Lorsque, au début de la Première Guerre mondiale, l’armée française pénétra en Alsace, un des premiers gestes qui fut accompli, geste symbolique entre tous, fut d’abattre les poteaux frontières.