Les 85 ans de notre corps de sapeurs-pompiers
La Fondation
Il y a 85 ans, le mercredi 30 avril 1930, le corps de sapeurs-pompiers de Montreux-Vieux a été créé. Il fallait s’organiser après un certain nombre de sinistres importants survenus sur la commune comme celui de la Filature, de l’usine Peugeot etc. mais aussi pour faire face aux risques potentiels situés sur le ban communal: Jeanne d’Arc avec son dépôt d’essence, Filature, chemin de fer, canal, fermes et maisons en bois et torchis etc. La Maire de l’époque Célestin Catté a donc proposé à son Conseil Municipal la création d’un corps de sapeurs-pompiers « organisé ». Cette proposition a été adoptée par l’ensemble des membres présents. C’est ainsi que le corps de sapeurs-pompiers de Montreux-Vieux a été créé.
Les membres fondateurs étaient les suivants : le maire Catté Célestin, Huggenberger Théophile, Schott Emile, Widemann Etienne, Specht Paul, Seiler Auguste, Gutbrod Charles, Hattenberger Eugène, Cuenin Paul, Moreth Aloïse Barbier Ernest, Bloch Philibert Burkart Joseph, Besançon Léon, Berchtold Aloïse, Corsini César, Dietrich Alphonse, Didierlaurent Edouard, Holbein Albert, Joly Fernand, Knab Georges, Messinger Fernand, Martin Léon, Schirch Aloïse ; Schlicklin Georges, Sutter Marcel, Sutter Louis, Sutter Xavier.

Le Corps des Sapeurs-Pompiers de Montreux-Vieux à sa fondation en 1930 1er rang assis: P.Cuenin, A. Christen, E.Widemann, C. Catté, T.Huggenberger, E.Schott, P.Specht. 2ème rang: Lambollez, M.Martin, L.Sutter, A.SeilerA.Moreth, Inconnu. E.Holbein, X.Sutter, Inconnu. 3ème rang: S.Mayer, L.Besançon, E.Hattenberger, P.Hoff, F.Messinger, Inconnu, A.Lantz
Entièrement constitué de volontaires, ceux-ci y apportant leur enthousiasme et leur expérience, s’étaient spontanément mis au service de la collectivité pour lutter contre les incendies et tous autres sinistres. Par la suite il fut demandé à chaque sapeurs et gradé de signer un engagement de 5 ans au service du corps.
La commune a mis à la disposition du corps qui comprenait à l’époque 30 hommes, une moto-pompe « Guinard » avec tous ses accessoires (dévidoir, etc.…). L’habillement fut également pris en charge par la commune. Pour la petite histoire, à la date du 8 juillet 1930 le prix de la vareuse était de 212 F, le pantalon à 97 F, le casque à 65 F et le képi à 23 F. La commune a également mis à la disposition du corps le hangar situé à côté du presbytère construit en 1859. Comparer à aujourd’hui ce n’était en fait que de petits moyens mais toujours mieux que dans l’antiquité vers 130 ou pour contenir le foyer d’un incendie on utilisait les catapultes permettant de détruire les maisons avant l’arrivée des flammes.

Le hangar près du presbytère que le conseil municipal avait décidé de construire le 10 mai 1859 pour un montant de 280,45F. Ce n’est qu’en 1952 qu’il a été réhabilité et doté d’une tour de 12m 60 de hauteur. L’ensemble des travaux s’est élevé à 1 070 000.F
A la tête du nouveau corps constitué, le commandement a été confié au Lieutenant Théophile Huggenberger qui par son occupation sédentaire de forgeron, maréchal ferrant lui permettait d’intervenir à tout moment en cas d’alerte. Le Lieutenant Théophile Huggenberger a été promu capitaine par arrêté préfectoral en date du 27 août 1955 dont le souvenir restera indéniablement lié à notre corps de sapeurs-pompiers qui lui doit ses plus belles heures de gloire. En 1948 il a été décoré pour acte de courage et de dévouement ainsi que de la médaille d’honneur en vermeil avec rosette, du Mérite Civique en argent, du Mérite Social. Il a également été promu chevalier du Mérite National et d’une distinction très rare la grande plaque d’officier fédéral des sapeurs-pompiers de France. Atteint par la limite d’âge il a confié sa charge le 30 mars 1965 au lieutenant Joseph Rein. Il est décédé le mercredi 8 février 1984. Né le 17 avril 1900 à Wolfersdorf, il résidait à Montreux-Vieux dès 1907, son père ayant édifié un atelier de maréchalerie-serrurerie au n°17 de la Rue de Belfort. Le 30 novembre 1944 alors que le village venait d’être libéré par la 1ère armée française et que des volontaires procédaient à la réfection du pont de chemin de fer au « Breuleux » sur la route de Montreux-Château les pompiers furent alertés pour aller porter secours à trois personnes du village blessées par l’éclatement de mines. C’est au cours de cette opération de sauvetage en service commandé que le chef de corps fut victime d’une blessure très grave ayant sauté sur une mine. Evacué sur un hôpital militaire il a subi une intervention chirurgicale qui le laissa invalide de guerre à 85 %. Il était également jusqu’en 1963 le président de la section de l’arrondissement d’Altkirch de l’Union départementale des sapeurs-pompiers et adjoint au maire de la commune de 1945 à 1959.
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Montreux-Vieux avait des pompiers et secouristes de tout temps
En réalité on peut dire que des pompiers existèrent de tout temps à Montreux-Vieux puisqu’une délibération du Conseil Municipal datant du 25 Mars 1859 relate déjà des démarches effectuées par la commune et des conditions du marché passé avec la maison Simon Fils, constructeur de pompes d’incendies à St-Dié (Vosges) pour la livraison d’une pompe à bras n°3 ( il n’était pas question de moto- pompe à l’époque…) pour le prix de 2000 Frs « payable dans un intervalle de 5 ans » après réception le 17 Juin 1859. Il y a également cette facture du 07 juillet 1848 concernant les frais d’entretien des sceaux à incendie, facture présentée par Gevrier François Joseph Bourlier et s’élevant à 18.35 F
Une curieuse coutume ne voulait-elle pas d’ailleurs à cette époque que chaque nouvel habitant de la commune, avant de pouvoir prétendre à sa part de bois d’affouage, ne fournisse auparavant un seau en cuir pour la pompe à incendie?
Au niveau des secours, Montreux-Vieux avait dès 1907 une équipe d’infirmiers-brancardiers chargés de la sécurité civile. Ils devaient également aller chercher sur le champ de batailles les blessés et les ramener dans les infirmeries de campagne. La photo ci-dessous témoigne de cette équipe.
Sur la photo ci-dessous figurent les sapeurs-pompiers et les infirmiers-brancardiers réunis.
Il y avait également cette affaire qui confirme qu’il y avait déjà des sapeurs-pompiers à Montreux-Vieux avant la fondation officielle du Corps en 1930. Dans la commune française de Montreux-Château , un grand incendie s’était déclaré le 12 septembre 1888.
Les pompiers de Montreux-Vieux ayant reçu avis du sinistre allèrent au secours. Ils étaient en uniforme. Mais lorsqu’ils arrivèrent à la frontière, puisque Montreux-Jeune était resté français, ils furent repoussés par la population, qui les empêcha d’entrer dans le village.
Ce fait a provoqué une vive émotion à Montreux-Vieux. Les pompiers n’avaient en effet d’autre but que celui d’aider à combattre le sinistre.
La gravure de Joseph Muller et le conseil municipal de 1935
En 1937 Joseph Muller de Montreux-Vieux, graveur, a confectionné et offert au Corps son ouvrage en plâtre et bois symbolisant la création du Corps de sapeurs-pompiers de Montreux-Vieux. Après avoir fait partie des tableaux de la grande salle de la mairie durant de longues années il a intégré la salle de réunions de la caserne des sapeurs-pompiers par la suite.
Ci-dessous une photo des membres du Conseils Municipal de 1935 avec quelques membres du conseil de fabrique. En règle général il s’agissait des mêmes personnes qui siégeaient dans les deux conseils.

De gauche à droite: Didierlaurent, Besançon, Haumesser, Grosjean, Cuenin, Estermann, Catté, Brungard, Besançon, Seiler, Nabon
Nos sapeurs des champions sportifs mais aussi des gymnastes
La section locale des sapeurs -pompiers ne cessant de se perfectionner, se distinguait dans plusieurs compétitions intercommunales (parcours sportifs ) remportant avec la place de premier la plaquette d’or au concours de Carspach en 1936 puis à Oltingue en 1938.
Avant la compétition toutes les sections défilaient à travers le village. La photo ci-dessous montre le corps de Montreux-Vieux défilant à Carspach

Le défilé de la section montreusienne avant les épreuves A droite: E.Widemann, Inconnu, R.Lalevée, Goffinet Au centre: M.Sutter, M.Birry A gauche: A.Schirch, inconnu, R.Seiler, JP Brungard
A l’intérieur du corps il y avait également une section des gymnastes sapeurs-pompiers. Elle était animée par le moniteur, sapeurs Emile Gimelli sous la direction du commandant Ludmann. Lors de certaines manifestations ils exécutaient des mouvements avec un ensemble parfait, d’autres exercices plus compliqués au cheval d’arçon ainsi que des sauts périlleux de haute voltige. Le public à chaque fois était à son comble, applaudissait et acclamait frénétiquement les gymnastes.
Pour l’anecdote Emile Gimelli a du jouer « l’asphyxié » dans un exercice de sauvetage. Une fois à terre sa cage thoracique subissait des assauts répétés du présumé sauveteur d’une corpulence « acceptable » qui « travaillait » avec une conscience professionnelle remarquable. Il ne pu s’empêcher de redresser la tête et de dire « Hola ne m’appuyez pas si fort sur le buffet !… »
Sans vouloir trop s’éloigner du cadre des sapeurs-pompiers il fallait tout de même signaler qu’il y avait également, une section d’athlétisme comprenant des éléments masculins et féminins. Après 4 saisons de vitalité, cette section a du être mise en sommeil faute d’un moniteur compétent et surtout d’installations sans lesquelles aucune performance valable n’était possible. Pourtant relevons les noms de quelques performers: MM. Moser Joseph, Coquerille Pierre, Sutter Gérard, Buttet Pierre, Braunstedter Richard et Melles Storrer Huguette, Braunstedter Germaine.
Les activités du Corps à ses débuts
A l’époque les activités du corps étaient différentes à celles d’aujourd’hui. En voici quelques unes, prises au hasard.
Début du siècle dernier l’usine Peugeot devenue T.M.C, un tissage, a entièrement été détruite par le feu. Le corps « organisé » n’existait pas encore.

La Poste détruite par les flammes le 29 septembre 1914. C’est à la suite de cet incendie qu’on attribua à des espions allemands, Montreux-Vieux ayant été libéré dès le 7 Août 1914 par l’armée française, que pour écarter au maximum le danger de sabotage, il fut question pour la première fois d’expulser les femmes d’origine allemande.
Durant l’occupation et au moment des combats précédant la Libération notre corps fut mis à contribution Le 8 octobre 1944 la gare frontière de Montreux-Vieux était bombardée. De nombreux wagons de marchandises et d’essence étaient garés. Il a fallut non seulement éteindre les foyers d’incendie mais également retirer des décombres les cadavres des soldats allemands.
Le 30 novembre 1944 les sapeurs-pompiers étaient alertés afin de porter secours à trois personnes du village blessés par des mines sur la route de Montreux-Château. C’est au cours de cette opération de sauvetage que le chef de Corps Théophile Huggenberger fut victime de l’explosion d’une mine nécessitant l’amputation de sa jambe droite.
Le 11 décembre 1946 un très grave accident de chemin de fer a eu lieu à la gare de Montreux-Vieux à 10 h 25. Le train 1528 chargé de sel provenant des mines de potasse, parti de Mulhouse pour Belfort s’est arrêté en gare afin de remplir le réservoir d’eau de la locomotive. Ce jour là, il y avait du brouillard, la visibilité était de 50m environ
Un train venant de la direction de Mulhouse chargé de 700 tonnes et roulant à 50 km/heure n’a pas vu le signal sur le viaduc de Dannemarie prévenant qu’un train était arrêté en gare de Montreux-Vieux.
Dans un terrible fracas ce train a heurté l’arrière de celui en arrêt, déchirant les wagons de fin de convoi et renversant la locomotive en arrêt déversant eau et feu.
Il y eu trois morts et cinq blessés dont deux ont été éjectés et retrouvés dans la cave à charbon de la gare
Nos braves soldats du feu ont eu à combattre de nombreux incendies dont celui du dépôt de carburants de la Jeanne d’Arc un des plus importants en 1949 ou les pompiers de Mulhouse, Belfort et Altkirch ont du venir en aide. C’est au cours de ce sinistre que Paul Specht a été grièvement brûlé au visage.
Le 12 mai 1953 nos sapeurs-pompiers ont du intervenir également à la Filature et Tissage de Montreux-Vieux, ou 50 tonnes de matières premières ont été détruits. Cet Etablissement a fait l’objet de nombreux sinistres dont le dernier en date du jeudi 13 mai 1993 à 1 h 45 qui a ravagé la filature. Grâce à l’intervention des sapeurs-pompiers de Montreux-Vieux mais aussi d’une centaine d’hommes des Centres de Secours voisins l’atelier de tissage et les bureaux ont été sauvés et l’activité a pu reprendre rapidement.
Le 27 avril 1965 intervention pour un feu de grange à Bretten.
Le 17 avril 1968 en renfort pour un feu très important à Guewenatten
Le 25 juin 1968 intervention pour un bâtiment agricole en flammes à Bréchaumont.
etc… etc..
Pour la petite histoire et beaucoup plus ancien, le 6 juillet 1846 à Montreux-Vieux, un orage a éclaté dans la nuit. Il a fallut les pompiers de Chavannes sur l’Etang, Foussemagne, Lutran, Reppe et Chavannes les Grands. La maison de Cuenin Claude fut touchée par la foudre et a brûlée. Grâce à l’intervention de ces pompiers d’autres maisons ont été préservées ?
Les frais de l’aubergiste Cuenin Henry pour le ravitaillement des hommes se sont élevés à 48.60 f que la commune à payés
Nos pompiers à pieds pour desservir 12 communes
Par arrêté préfectoral du 18 juin 1946 Montreux-Vieux a été désigné Centre de Secours et desservir 12 communes : Bellemagny, Bréchaumont, Bretten, Chavannes-sur-l’Etang, Eteimbes, Lutran, Magny, Montreux-Jeune, Romagny, Saint Cosme, et Valdieu.
Bien que le corps disposait du matériel et des hommes il n’y avait cependant pas de véhicule pour les transporter sur les lieux des sinistres. Ce n’est qu’en 1949, par conséquent 3 ans après, que la direction départementale des Services d’Incendie à Colmar allouait au Centre un fourgon normalisé avec une moto-pompe remorquable montée sur pneus d’un débit de 60 m3.
Durant ces 3 années lors de sinistres dans les communes désignées le chef de corps a en premier lieu du trouver un particulier disposant d’un véhicule pour assurer le transport des hommes et du matériel avant le départ. Il ne fallait surtout pas être pressé!
Depuis 1930 6 chefs de corps se sont succédés.
- Théophile Huggenberger
- Joseph Rein
- Daniel Bouchonnet
- Daniel Cuenin
- François Notter
- Emmanuel Schirch
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