Le 27 juillet dernier le tribunal de Belfort, condamnait par défaut, pour d’délits d’escroqueries, un individu dont l’identité n’a jamais pu être bien établie.
Mais d’après l’enquête à laquelle la police de notre ville avait procédé, on paraissait être convaincu que l’escroc qui se faisait appeler L. Girard, n’était autre qu’un nommé Marchal, déjà plusieurs fois condamné.
Aucun délit n’ayant plus été signalé à la charge du soi-disant Girard, les recherches furent un instant abandonnées mais au mois de septembre dernier, des demandes de renseignements affluèrent tout à coup au commissariat de police sur un nommé Saint-Amin, directeur de la « Caisse alsacienne », société anonyme au capital de
5 000.000 de francs, entièrement versé, pour favoriser le développement du commerce et de l’agriculture, en Alsace et en Lorraine, fondée depuis huit ans, et dont le siège social était à Belfort.
Ce qu’il y avait de particulier dans les prospectus énonçant des prêts sur simple signature, c’est que le susdit Saint-Amin avait soin de mentionner spécialement que les demandes de crédit et les avances pour commission des prêts devaient être adressées à Montreux-Vieux (Alsace), où il se trouvait en villégiature dans l’un de ses domaines.
Le commissaire de police, secondé par son sous-brigadier, qui, depuis le mois d’août dernier n’avait perdu de vue les faits et gestes de cet audacieux escroc, essaya d’abord de tendre un piège à ce dernier ; mais les lettres adressées à Belfort furent, sur l’ordre de Saint-Amin, expédiées dans d’autres bureaux de poste de la région.
Finalement, et les demandes de renseignemets continuant à affluer au cabinet de M. le commissaire de police, celui-ci les communiqua au parquet de M le procureur de la république.
M. le substitut Aupècle, saisi du dossier, et informé que Saint-Amin se faisait adresser ses correspondances à Pontarlier et à Bourg, décerna aussitôt contre ce dernier un mandat d’arrêt, lequel a été exécuté dans la journée de lundi dans cette dernière ville
Sources : Express 21 novembre 1902