La commune de Montreux-Vieux engage une vaste opération de rénovation de son château d’eau, dont la cuve béton et la structure accusent le poids des décennies. Trois mois de travaux en hauteur qui devraient surtout permettre au village de gagner en qualité de l’eau .
C’était l’une des priorités affichées de la nouvelle équipe emmenée par le maire, Jean-Claude Ringwald : la « nécessaire » remise en conformité du château d’eau, dont la construction remonte aux années 1930. Quatre mois de travaux sont prévus à partir de ce début mars pour rénover l’intérieur, remplacer la tuyauterie et surtout restaurer la cuve de l’édifice, aujourd’hui en piteux état.
Lanterne rouge de la qualité de l’eau
« Il est temps de faire quelque chose », résume Patrick Antoine, conseiller municipal qui suit de près ce chantier en préparation depuis l’été dernier à la mairie. Vu de l’extérieur, le bâtiment aux briques rouges et aux 33 mètres de haut a toujours fière allure au centre du village : après des travaux en 1997, il avait déjà eu droit à un bon ravalement de façade au printemps 2011. Mais l’état interne, les réseaux et la cuve béton de 200 m3 accusent clairement le poids des décennies. Réfection de la cuve et reprise de l’étanchéité, réfection de la tuyauterie et du système de vannes, reprise de la structure interne du château qui présente « des points de fragilité » dus à l’oxydation de ferrures au niveau des ponts thermiques : il s’agit cette fois de restaurer l’équipement en profondeur.
« Travailler sur la qualité de l’eau » : c’est l’objectif numéro un de ce chantier pour la municipalité. Si l’eau qui sort du robinet à Montreux-Vieux est évidemment potable, le village fait depuis trop longtemps office de mauvais élève à l’Agence de l’eau. « On clignote en rouge depuis un moment », plaisante-t-on en mairie.
« On a déjà une nappe phréatique qui nous apporte une eau très acide, très agressive », relève Patrick Antoine. Une eau qui est aussi « chargée en métaux, nickel, chrome voire plomb », dans des niveaux certes conformes à la réglementation, mais qui pourraient être nettement améliorés. « Ces dernières années, différents rapports, en particulier de l’ARS, donnaient obligation de faire ces travaux », explique-t-on à la mairie de Montreux-Vieux. La « dégradation importante » de la cuve et notamment ses défauts d’étanchéité auraient ainsi fait l’objet de « signalements réguliers » de l’agence régionale de santé. Un problème que les nouveaux élus ont voulu prendre à bras le corps.
Pas de coupure à redouter au robinet
« Le traitement d’isolation de la cuve date de plus de trente ans et se décolle de la paroi, détaille Patrick Antoine. Par mètres carrés, pas par petits bouts. » Reprise de l’étanchéité des parois et surtout de la cuve avec un nouveau revêtement, réparation des éventuelles fissures : ces travaux nécessiteront l’installation d’un échafaudage tournant, début avril.
Outre la cuve, une quinzaine de mètres de tuyaux seront remplacés. Toute comme les vannes vieillissantes « qui, pour certaines, doivent dater de la construction du château » et peuvent contenir des matériaux type jointures en plombs « visibles dans les analyses » à l’autre bout du tuyau. Vannes en fonte et tuyauterie en inox viendront remplacer le tout. Désamiantage préalable (lire ci-contre), travail en espace confiné et en hauteur : ce chantier très particulier fera l’objet d’une attention toute particulière sur le plan de la sécurité.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, l’opération s’était élaborée en contacts avec les villages voisins de Montreux-Jeune et surtout Chavannes-sur-l’Étang, avec lequel Montreux-Vieux est déjà maillé pour l’approvisionnement en eau potable. La phase de travaux préparatoires a consisté à assurer le service d’approvisionnement pendant tout le chantier. « On sera alimenté trois jours par Chavannes-sur-l’Étang », précise le maire Jean-Claude Ringwald. Au-delà, la mise en place d’un bypass au château d’eau permettra une alimentation directe depuis la station de pompage, sans passer par la cuve en travaux. Si aucune coupure d’eau n’est annoncée, d’éventuelles baisses de pression sont possibles. La remise en service du château d’eau est prévue pour fin mai-début juin, après le contrôle de potabilité de rigueur.
Désamiantage à trente mètres du sol… et coupure réseau
Première opération indispensable : trois semaines de travaux de désamiantage à trente mètres du sol. À partir de la semaine prochaine, il s’agira de retirer les tuyauteries calfeutrées dans lesquels des traces d’amiante avaient été décelées lors du diagnostic établi l’an dernier. Confinement et protocole spécial de rigueur, avec installation d’une zone de décontamination à l’intérieur du bâtiment.
Une grue sera ensuite installée à côté du château d’eau pour l’évacuation des tuyaux tronçonnés et déchets amiantés, perturbant la circulation au centre du village durant quelques jours. Un arrêté municipal en précisera les dates et conditions. Le château d’eau abritant les antennes relais de plusieurs opérateurs de téléphonie mobile, il faudra également s’attendre à quelques heures de coupure réseau ce jour-là dans le secteur de Montreux-Vieux… Le chantier ne pourra pas reprendre tant que les mesures n’auront pas confirmé l’absence de tout résidu d’amiante.
En chiffres
■ 170 894 euros : c’est le coût global (TTC) de ces travaux de rénovation, qui doivent s’étendre de début mars à fin mai. La commune de Montreux-Vieux a recours à un emprunt de 120 000 euros et espère bénéficier d’environ 30 % de subventions de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse.
■ 33 mètres : la hauteur du château d’eau de Montreux-Vieux, qui possède un réservoir de 200 m³. L’édifice a été bâti en 1937. Il est même connu dans l’histoire pour avoir servi de poste de tir aux artilleurs de la Wehrmacht en novembre 1944, avant d’être visé par l’armée française et d’être fortement endommagé par trois obus.
■ 130 m ³/jour : c’est la consommation moyenne d’eau des 360 foyers de Montreux-Vieux
Texte et photos L’Alsace du 2 mars 2021