Le choléra : 3 ans déjà que les médecins se relayent en Gare

Le choléra : 3 ans déjà que les médecins se relayent en Gare

A la frontière alsacienne, on continue à surveiller étroitement les voyageurs au point de vue sanitaire.
Montreux-Vieux même, les deux médecins de Dannemarie se relayent en permanence de façon qu’aucun voyageur malade ne rentre dans le pays tant qu’on n’a pas constaté qu’il ne présente aucun symptôme d’affection cholérique.  Pour plus de renseignements cliquez sur le lien ci après: http://montreux-vieux.net/?page_id=11432

Sources: Le Temps 16 août 1895

LE SERVICE MÉDICAL A LA FRONTIÈRE

(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)

Belfort, 5 septembre.

Je suis allé voir, à la frontière, la façon dont le service d’inspection médicale est fait.

Les trains arrivant de Montreux-Vieux sont soumis à la formalité la plus compliquée qu’on puisse imaginer. Les voyageurs sont massés devant le bureau de la consigne, transformé en cabinet de consultation.

C’est une chambrette où quatre personnes seraient mal à l’aise, garnie de trois petites tables malpropres, une huche avec des cuvettes et des cruches. A l’entrée, un gendarme. On ne pénètre qu’un à un ou avec ses enfants. Un médecin questionne, le second examine. C’est une visite en règle, durant une minute ou cinq, selon l’origine et l’état de santé du voyageur. S’il est suspect, on lui délivre une carte dite passeport sanitaire de nuance jaune, imprimée, dont les blancs répondent aux nom, point de départ, adresse d’arrivée du voyageur, que remplit le médecin; cette carte porte injonction, avec rappel des pénalités en vertu de la loi de 1822 sur l’hygiène publique, d’avoir à remettre dans les vingt-quatre heures de l’arrivée au point destinataire ladite carte au maire de l’endroit; elle porte un numéro d’ordre.

Après quoi le voyageur passe par une seconde porte et se trouve dans la salle de la douane. A l’extrémité de celle-ci, il exhibe sa carte. Les notes manuscrites sont transcrites sur un registre, puis recopiées sur une carte bleue de format identique (carte postale) au verso de laquelle est imprimée l’adresse : Monsieur le maire de. département de. Le recto invite le maire à faire surveiller le voyageur suspect. Pour Paris, la carte est à l’adresse du préfet de police et rouge. Ces cartes portent reproduit le numéro d’ordre inscrit en tête, à gauche, sur la carte-passeport. La signature du médecin du poste sanitaire remplace l’affranchissement.

Bien des cartes ont déjà été remises à des voyageurs d’apparence malade.

Aucun malade n’a encore été retenu.

D’ailleurs la baraque servant de lazaret n’est pas encore construite. On y travaille ; elle sera en planches et située à deux cents mètres de la gare, à gauche de la voie, en plein champ, du côté opposé à la frontière.

La quarantaine et les soins médicaux, alimentaires et autres frais seront à la charge de l’Etat.

Une machine à vapeur munie de l’appareil désinfecteur est installée à l’extrémité ouest de la gare douanière. Cet appareil a l’aspect extérieur d’une locomobile.

L’entrée des fruits et légumes est provisoirement interdite.

A Montreux-Vieux, le service sanitaire est organisé, sans que toutefois il revête un caractère aussi impressionnant. Les deux postes sanitaires (Petit-Croix et Montreux-Vieux) sont en relations permanentes et se signaleraient réciproquement les cas spéciaux. C’est le docteur Ricklin, médecin cantonal de Dannemarie, qui dirige le service à Montreux-Vieux,

Sources : Le XIX siècle 7 septembre 1892

D’après un avis affiché à l’hôpital civil de Strasbourg, le gouvernement allemand demande des médecins ou des étudiants en médecine de dernière année pour la surveillance sanitaire des stations frontières de Montreux-Vieux, Avricourt, Chambrey, Novéant, Amanviller et Fontoy. Cette surveillance est motivée par les soi-disant cas de choléra nostra qui se sont produits à Paris et dans les environs de cette ville.

Les demandes devaient être adressées à M. le docteur Krieger, conseiller médical, 7, rue de la Toussaint.

Un certain nombre d’étudiants se sont fait inscrire chez lui pour occuper ces postes. Ils vont être dirigés sur leurs lieux de destination.

Des voitures ambulances ont été envoyées à chacune des stations ci-dessus. Les Allemands prétendent que ce n’est pas seulement le choléra nostras, mais bien le choléra asiatique qui a fait des victimes en France. Cela se publie dans tous les journaux d’Alsace et est même affiché officiellement.

Voici ce qui se passe à la frontière :

La surveillance est très rigoureuse.

Toutes les malles, caisses, valises sont ouvertes. La literie est impitoyablement refusée. Linge sale, draps de lits, couvertures, tout est renvoyé à Paris, à la station de départ ou à la salle de désinfection. Cela occasionne d’assez vives discussions et des retards de près d’une heure dans les trains.

En réalité, c’est l’odieuse obligation du passe port hypocritement rétablie par Guillaume II, sous prétexte de choléra.

Mais, au fait, pourquoi se gênerait-il avec nous, quand il voit notre gouvernement s’humilier si platement devant son vassal Humbert, en lui envoyant une escadre pour le féliciter sans doute d’avoir renouvelé contre nous la Triple-Alliance?

Sources : La Lanterne 12 août 1892