Il y a trois ans : «Chez Nadia», à Montreux-Vieux: « Ce deuxième confinement m’a tuée »

Deux ans après son ouverture dans l’ancienne gare SNCF, l’unique commerce alimentaire de Montreux-Vieux baisse le rideau, emporté par le reconfinement. Un crève-cœur sans nom pour la patronne, Nadia Tschirret, qui se dit victime des effets collatéraux de la crise sanitaire.

« J’avais tous les anciens du village qui venaient ici… J’ai l’impression de les abandonner. » Alors que le pays se remettait sous cloche, c’est le cœur gros que Nadia Tschirret avait verrouillé pour la dernière fois la porte vitrée de son café-brasserie, ce samedi 31 octobre, avant d’y accoler la mention « Fermeture définitive ». Une mauvaise nouvelle partagée avec « beaucoup de tristesse » sur les réseaux sociaux , la patronne évoquant sans détour les « trop lourdes conséquences » du reconfinement pour son petit commerce de proximité. Sale coup pour le village en cet automne déjà trop grisâtre. Et la fin amère d’une histoire qui avait commencé en 2016 à Montreux-Vieux avec une simple caravane aménagée en épicerie ambulante.

Pour combler le vide laissé à l’époque avec la fermeture de la supérette du village, reconvertie depuis en maison de santé , Nadia et Christophe Tschirret avaient lancé leur affaire, Crousti’Tschirret, et s’installaient sur le parking de la pharmacie Bitsch pour proposer pains, viennoiseries, petite épicerie, fruits et légumes, etc. Deux ans plus tard, le couple avait remis la caravane au garage pour s’installer dans l’ancien bâtiment voyageur de la gare SNCF, spécialement rénové par la commune en 2015. L’ex-restaurant du buffet de la gare était devenu « Chez Nadia », entre café-brasserie (l’établissement est doté d’une licence IV), restauration rapide, dépôt de pain, petite épicerie, etc.

Plus qu’un commerce de proximité, un comptoir social très apprécié des habitants ainsi que des dizaines de voyageurs qui fréquentent quotidiennement la gare TER de Montreux.

Des loyers offerts par la mairie

« Le premier confinement nous a mis une claque », reconnaît Nadia. Avec un coup d’arrêt brutal à l’activité restauration. Et la fin des fameuses soirées à thème, « qui marchaient très, très bien ». La mairie, à qui appartiennent les locaux, n’avait pas hésité à renoncer au versement de plusieurs mois de loyers pour aider son unique commerce alimentaire. Le déconfinement et l’été étaient ensuite venus, avec les tables en terrasse et habitués au rendez-vous. Mais une trésorerie convalescente et un chiffre d’affaires en berne.

« Ce deuxième confinement m’a tuée », lâche Nadia. Jusqu’au bout, la patronne de 42 ans aura cru pouvoir « survivre ». Mais les annonces gouvernementales concernant les bars et restaurants auront eu raison de son optimisme. « Ce n’est pas juste en vendant du pain que je pourrais payer le loyer », juge l’auto-entrepreneuse. Dans l’impossibilité de payer les charges fixes et les fournisseurs, elle a donc préféré baisser le rideau. « C’est vraiment à contrecœur que j’arrête », dit-elle, les yeux rougis. « Il n’y aura plus rien dans le village, c’est vrai. » Frigos, vitrines réfrigérées, mobilier, etc., l’ensemble du matériel sera mis en vente. La mairie aura ensuite la lourde tâche de trouver un repreneur pour son commerce de proximité. « Ça va être compliqué, avoue le maire, Jean-Claude Ringwald. Ce Covid ne nous fait pas du bien. »

Photos et texte L’Alsace 3 novembre 2020  Vivian MILLET – 12:00 h

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