Né le 28 avril 1946 à Sélestat dans une famille de cinq enfants, Armand Laurent a épousé Danièle Sutter, en 1967 à Montreux-Vieux. Deux enfants naîtront de ce premier mariage : Stéphanie et Guillaume. En 1989, il s’est marié en secondes noces avec Marie-Laure Kessler, qui a partagé le reste de sa vie et avec qui il a eu deux enfants, Antonin et Arthaud. Il a transmis à ses enfants et ses cinq petits-enfants, Noé, Mila, Achille, Ulysse, Ariane, son humour, son ouverture d’esprit et son courage.
En suivant la voie tracée par son père, Armand Laurent a choisi la vocation d’instituteur, en se dirigeant vers l’école normale de Colmar avant d’être nommé à Mortzwiller en 1967. Trois ans plus tard, il a découvert la haute vallée de la Doller qu’il ne quittera plus, en prenant la fonction de directeur de l’école de Dolleren. Il a aussi co-fondé, en 1970, la coopérative des enseignants, devenue plus tard l’AOS. Il a pris sa retraite en 2002 après sept dernières années à l’école des Remparts de Masevaux.
Adjoint au maire de Dolleren
Armand Laurent faisait partie de ces hommes qui ont fait vivre et rayonner la vallée de la Doller, en y développant des activités sportives, culturelles et de conservation des traditions populaires. Il fut notamment adjoint au maire de la commune de Dolleren de 1983 à 2014 et fondateur du Centre de ressources des Vosges du Sud. Il fut aussi l’initiateur de la troupe de danse populaire Waschba-folk, dans les années 1974. La vie l’a mené ensuite vers le théâtre de plein air en langue alsacienne à Magstatt-le-Bas, où il a affiné son expérience de la mise en scène. Fervent promoteur de la langue alsacienne, il a écrit et adapté plus d’une vingtaine de pièces, dont la plupart ont été créées sous sa direction par la troupe de théâtre de la MJC de Sewen. Elles ont été reprises plus tard dans toute l’Alsace, ce qui lui a valu l’attribution du Bretzel d’or en 2014.
Directeur de la régie du Schlumpf
Enfin, les skieurs se souviennent de son sourire à l’accueil de la station de ski du Schlumpf, dont il a été directeur de la régie d’exploitation. Armand Laurent était avant tout un homme authentique et altruiste, qui avait une capacité unique à tisser des liens entre les gens, à partager ses passions et quiconque a serré un jour la main de ce bon vivant a vécu l’expérience de nombreuses rencontres enrichissantes. C’est ainsi que l’on peut comprendre son plus grand succès, qui fut l’ouverture et la pérennisation, durant vingt-deux saisons, d’une salle de spectacle à Masevaux, la Grange Burcklé.
Un spectacle chaque été
C’est en 2000 qu’il a lancé ce projet en s’appuyant sur une équipe de bénévoles, initialement issus de la compagnie du théâtre de la Paille. Il a ensuite fondé l’association de la Ruchêne, qui a proposé un spectacle chaque été sous sa direction, avant que de nombreux artistes ne viennent toquer à sa porte pour se produire dans ce lieu atypique. Ce qui ressemblait à un petit miracle, Armand l’a fait grandir, grandir encore, pour fonder un lieu de culture et de rencontres là où on ne l’attendait pas. Il avait pour habitude de dire que la vie entière est une pièce de théâtre. Le rideau de la sienne est tombé, mais les projecteurs qu’il a allumés illumineront encore longtemps son œuvre.
Ses obsèques seront célébrées ce samedi, à 9 h 30, à l’église Saint-Martin de Masevaux-Niederbruck. Armand Laurent reposera au cimetière de Dolleren
Salut l’artiste
« The show must go on », dit-on dans le milieu artistique. Alors, espérons-le, le show va continuer à la Grange Burcklé. On attend une belle saison pour 2022, et pour les années suivantes, parce que la Grange, c’était le bébé d’Armand et c’est ce qu’il aurait voulu. Mais il faut bien l’admettre, ça ne sera plus tout à fait la même chose. On regrettera ses interventions toujours pleines de verve et d’humour avant chaque spectacle, ne manquant jamais de saluer « le meilleur public de la soirée ». On regrettera ses mises en scènes parfaitement huilées et enlevées, qui donnaient envie de se lever pour aller chanter et danser avec les comédiens. On en ressortait le cœur plus léger. Armand a d’ailleurs permis de révéler quelques jolis talents ! On regrettera aussi ne plus le croiser à l’entracte ou à la fin du spectacle, lors du pot de l’amitié qui permet d’échanger quelques commentaires sur le spectacle ou de dialoguer avec les comédiens. Salut l’artiste, tu vas nous manquer. Ils ne vont pas s’ennuyer, là-haut, avec toi. Tu es parti mais tu nous as laissé un beau cadeau avec la Grange Burcklé. On espère y vivre encore de nombreuses belles soirées, et promis, après le spectacle on ne manquera pas de trinquer à ta mémoire.
I.B.